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Calcul du coût de détention (TCO) d’un véhicule électrique : Attention aux pièges !

Date de publication 12 juillet, 19
Écrit par: Guillaume Heron, Head of Business Development & Manager Future Car Values France

Comparer le coût d’utilisation d’un véhicule électrique par rapport à un véhicule thermique ou hybride nécessite une approche spécifique. Un certain nombre de facteurs liés au VE doivent être considérés pour une comparaison objective en plus des éléments composant traditionnellement le TCO.

Coût de détention (TCO) : une approche nécessaire pour la promotion du véhicule électrique

Jusque-là réservé à la gestion de véhicules d’entreprises, le calcul du coût de détention (TCO) devient un élément clé pour valoriser le véhicule électrique. En effet, le coût du véhicule étant plus important à l’achat et ses spécificités techniques fondamentalement différentes, il est primordial de prendre en compte les postes de dépenses tout au long de l’utilisation du véhicule pour en apprécier justement son coût pour le consommateur, que ce soit pour un particulier ou une entreprise.

La valeur résiduelle : élément fondamental du TCO

La valeur résiduelle est l’élément majeur qui compose le calcul du TCO. Elle représente aujourd’hui en moyenne 40% du coût d’un véhicule sur un cycle de 3 ans. Celle-ci est aujourd’hui clairement en défaveur du véhicule électrique, un des facteurs négatifs majeurs étant l’image de vétusté donnée aux batteries du véhicule qui peut représenter un 1/3 de la valeur de ce dernier. Si on attribue une durée de vie de 8 ans à une batterie de VE contre 12 ans pour un véhicule thermique, cela signifie qu’un montant substantiel du véhicule, en l’occurrence, la valeur de la batterie, se déprécie 50% plus vite. D’autres éléments viennent également impacter négativement la valeur résiduelle comme le coût à l’achat aujourd’hui très élevé en rapport avec les contraintes que le véhicule électrique impose ou encore les forces de vente et après-vente, encore peu impliquées de par la faible demande client.

Les facteurs d’influences clés du TCO… et les autres

Toutes les études aujourd’hui mettent en avant un certain nombre de facteurs qui viennent favoriser le TCO du VE et qui peuvent être classés en deux catégories. Il y a l’aspect technique d’une part comme le coût du carburant, essence ou diesel par rapport au kilowatt heure domestique, ou encore l’entretien qui est moins onéreux grâce un nombre bien moindre de pièces d’usures. Il y a l’aspect fiscal d’autre part, incluant le bonus écologique et les aides locales qui sont clairement en faveur du VE. Au sujet du bonus écologique, une baisse croissante de ce dernier est à envisager en corrélation avec l’augmentation des immatriculations, ce qui pourrait neutraliser la baisse des prix des VE promise par les constructeurs. Dans ce contexte, on peut s’attendre à une certaine stabilité du coût d’achat (prix du véhicule, bonus écologique déduit) pendant encore plusieurs années.

Les études s’arrêtent généralement à ces facteurs, qui relèvent du TCO classique d’un véhicule, mais un certain nombre d’autres éléments spécifiques aux véhicules électriques doivent être également considérés afin d’appréhender un coût de détention moins théorique.
Des coûts d’installation à ne pas négliger

Le coût d’installation d’une infrastructure de recharge est un élément variable qui est souvent sous-estimé. En effet, au-delà de la borne de recharge elle-même qui peut coûter entre 700 et 1200 € pour un usage domestique, l’installation de celle-ci peut coûter plusieurs milliers d’euros en fonction de l’emplacement choisi et de la vétusté de l’installation électrique. Ces coûts restent cependant liés à l’achat d’un premier véhicule et ne sera pas forcément à considérer dans le cadre d’un renouvellement, sauf en cas de déménagement, ou d’évolution de la borne de recharge. A noté que l’état a mis en place des incitations financières spécifiques pour les infrastructures de recharge mais qui couvre une faible partie seulement de ce poste.

Le prix d’une recharge peut varier du simple au triple

Comparer le coût d’un litre de carburant avec le prix du kilowatt heure est une approche qui ne tient pas compte de la réalité d’utilisation au quotidien. Le moyen de recharge, s’il est public ou privé, peut avoir un impact significatif sur le budget de l’utilisateur. La borne de recharge à domicile reste la solution la plus économique. Les recharges sur des bornes publiques peuvent quant à elle générer un coût substantiel à cause de prix exponentiels : 1 heure de recharge peut-être relativement attractive (1,5 à 2 fois plus cher qu’une infrastructure privative), mais les heures de dépassement peuvent être facturées au prix fort. Un tarif volontairement élevé qui vise à inciter les conducteurs à libérer rapidement les places. Dans ce cas le cout du kilowatt peut tripler. Quant aux recharges rapides, le coût du kilowatt/heure est environ 2 fois supérieur à une recharge à domicile.

Des services de mobilités nécessaires

La mobilité est également un élément crucial à considérer lorsqu’on compare un VE et un véhicule thermique ou hybride. Les véhicules électriques disponibles aujourd’hui et dans les 2 à 3 ans à venir ont une autonomie plus restreinte en condition d’utilisation équivalente et surtout un temps de recharge bien supérieur à un plein d’essence. Cette contrainte forte pour l’utilisateur doit donc légitimement être compensée par une solution de mobilité annexe, notamment pour les longs trajets. Location de véhicule, transport en commun, covoiturage… plusieurs solutions existent. En moyenne, un budget de 1000 € annuel sera à prévoir pour une famille de 4 personnes pour une solution mixte.

A l’avenir, d’autres éléments pourraient venir améliorer le TCO du VE comme le stationnement ou la recharge gratuite dans l’espace public par exemple. Le « smart grid » pourrait également permettre aux utilisateurs de bénéficier d’avantages financiers en mettant à disposition l’énergie du véhicule pour alimenter le réseau public. Mais dans l’immédiat, le développement est progressif et l’adaptation des infrastructures peu développée. Il semble donc peu probable que le véhicule électrique puisse rivaliser avec le véhicule thermique ou hybride en terme de coût de détention avant plusieurs années sans de nouvelles règlementations fiscales.

Exemple de coût de détention pour la nouvelle Peugeot 208 en France.

Écrit par: Guillaume Heron

Head of Business Development & Manager Future Car Values France

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